Projet entre quatre murs
Consigne : Concevoir une maison pour une famille de 4 personnes avec un studio dans une parcelle de 28 x 17 m encadrée par un mur en calcaire de 3 m de hauteur et 1 m d'épaisseur proche des côtes atlantiques de Bretagne.
Prenant place dans un cadre minéral et naturel, les landes de Bretagne, il me fallait une construction intégrée dans le paysage qui l'entoure. Le document consigne fourni n'indiquait pas de voisinage, donc j'ai imaginé la maison comme seule dans le paysage désertique des Landes. Je souhaitais que la maison fasse partie du paysage en tant que telle, et donc renoncer à une construction discrète mais plus réfléchir à une forme qui s'impose dans le paysage sans le dégrader. J'ai donc orienté mes recherches vers le land-art, et notamment en pierre, car j'avais retenu que le projet prenait place à 100 m des falaises.
Afin de pouvoir offrir des vues et de la lumière au bâtiment, il fallait surpasser le mur de 3 m de haut. La solution était donc de construire en hauteur. Pourquoi pas une tour? L'avantage d'une tour est de pouvoir diminuer l'emprise au sol et donc de gagner de l'espace dans le jardin. En lien avec le land-art, il y avait les monolithes de Carnac qui me plaisait beaucoup, mais les tours ont le défaut de ne pas générer d'ombres naturelles. Il fallait donc comme un empilement de pierre, tel que si il est correctement maîtrisé, on obtiendrait des ombres contrôlées et des terrasses avec des vues splendides sur le paysage. Cela m'a donc évoqué les travaux de Mickael Grab pratiquant le "stone balance", c'est-à-dire la superposition de cailloux tenant en équilibre. C'est le genre de sculpture que l'on croise le long des sentiers de randonnées. Ces sculptures n'altèrent pas le paysage mais laissent une trace délicate et respective dans l'environnement tout en indiquant la présence de l'Homme. J'ai donc pris des galets dans mon jardin et à mon tour je me suis amusé à les empiler. J'ai fais varier les formes, les proportions, les dispositions avant d'aboutir à une sculpture qui me plaisait. J'ai conclu qu'il me fallait trois volumes : le plus inférieur est le plus petit et le plus haut est le plus grand afin d'accentuer cette sensation d'équilibre.
Toute une réflexion a ensuite été menée en maquette et en croquis afin de concrétiser cette forme en prenant compte de la lumière, les vues et la circulation de l'air. Finalement, une terrasse donne sur l'Est et ses landes, une autre donne sur l'Ouest et son océan. Chaque volume est de forme parallélépipédique et possède deux ouvertures chacune opposées dans le but de faciliter la circulation de l'air et jouer sur les masques et transparences.
La partie commune entre chaque volume se veut de faible superficie pour renforcer l'effet d'équilibre. Pour s'assurer qu'il tient structurellement, je dote le bâtiment de 3 poteaux extérieurs. Par ailleurs, dans la fine partie commune, je place une colonne vertébrale forte descendant les charges et assurant la communication entre les différents blocs par un escalier en révolution dégagé de tout plancher. La colonne est végétalisée afin de conserver ce lien avec la nature même au sein de l'intérieur de la maison. Afin que les espaces intérieurs ne soient pas sacrifiés par l'escalier, j'ajoute une nouvelle règle. Mes parallélépipèdes se décalent à chaque fois de 60 degrés. Sachant qu'un hexagone se décompose en 6 x 60 degrés, je choisis de faire ma colonne de forme hexagonale. Ainsi, pour chaque volume, mon escalier trouvera au moins une paroi. Par conséquent, les espaces intérieurs sont plus spacieux et font preuve du luxe moderne pour lequel la qualité notable est de laisser de la place au vide.
terrasse Ouest
terrasse Est
poteaux renforçant la structure
Pour la disposition des pièces, je place les chambres au plus haut étage afin qu'elles soient le plus isolées possibles. Chaque chambre profite d'une vue soit sur l'Ouest soit sur l'Est dans le but premier d'admirer le paysage mais aussi d'apprécier le lever ou coucher de soleil. Les chambres des enfants sont liés par une pièce de vie commune qui pourra selon leur âge évoluer en espace de jeux, en espace de travail voir en bibliothèque. Le R+1 et le RDC sont tous les deux des salles-à-manger cuisine mais leurs fonctions sont différentes. L'une est utile lors des saisons fraîches, l'autre pour les saisons chaudes. En effet, au RDC, les larges baies vitrées et la cheminée s'étendant de l'intérieur vers l'extérieur a pour rôle de connecter la maison avec le jardin. Avec une terrasse commune, le studio est intégré au volume extérieur.
L'aspect extérieur de la maison évoluera au cours du temps grâce au revêtement en bardage d'ardoise qui prendra une certaine patine au fil des années. De plus, l'ardoise entretient une relation avec la pluie par ses reflets, et sa couleur grise légèrement bleutée détache le bâtiment du mur en calcaire beige tout en se mariant correctement avec.